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LE CŒUR DE NOTRE-DAME MARIE DE NAZARETH:

UNE HISTOIRE DIVINE

 

 

 

HISTOIRE DE HENRI VIII

ET DE SCHISME D’ANGLETERRE

PAR M. AUDIN

 

CHAPITRES

 

I

INTRODUCTION. — RÈGNE DE HENRI VII. 1485-1509.

II

COURONNEMENT DE HENRI VIII. 1509-1511.

   
   

 

PRÉFACE.

 

« C’est un spectacle où la gravité se mêle au pathétique, la pompe à la tristesse, l’émotion à la grandeur, que nous allons offrir à vos regards; vos larmes, en nous écoutant, couleront plus d’une fois : si votre cœur s’ouvre à la pitié, pleurez. Imaginez, par la pensée, que vous avez sous les yeux les personnages mêmes du drame, comme s’ils vivaient encore. Voilà toute la cour de Henri, avec ses lords, ses grands, ses courtisans, son peuple. Comme en un instant cette puissance est atteinte et brisée ! Si vous aviez le courage de rire, je dirais qu’un homme peut pleurer le jour de ses noces »

Ce prologue, dont le grand poète dramatique de l’Angleterre a fait précéder sa tragédie de Henri VIII, est en quelque sorte le résumé de notre ouvrage. Du sang et des larmes, voilà ce que Shakespeare voulait offrir à ses habitués, «au prix d’un schelling par personne ». Du sang, des larmes, un despotisme inepte, des folies meurtrières, et, ce qui ne s’est jamais rencontré dans les annales d’un peuple chrétien, une nation abrutie par ses représentants, la loi elle-même consacrant l’iniquité, des pairs faisant un dogme de la servitude, des communes transformant le prince, non pas en image de Dieu, mais en dieu même, un sacerdoce revêtant le théocrate des attributs de celui qui règne dans les cieux, l’infaillibilité et l’impeccabilité : voilà ce que l’historien doit montrer à ses lecteurs.

Nous n’avons jamais connu de roman plus dramatique que les Annales de Tacite, et, malgré le merveilleux talent de l’écrivain, on laisserait là le livre si le crime y triomphait toujours, parce que l’âme, avide d’émotions, l’est encore plus de justice. Si l’âme veut être remuée, elle veut aussi être consolée. Aussi voyez comme dans ce magnifique tableau de la vie des Césars, le châtiment, bien que boiteux, presse et poursuit le crime. A chaque apparition d’un tyran nous pressentons la venue prochaine d’un juge et d’un vengeur : l’expiation est une loi à laquelle aucun des grands coupables mis en scène par l’historien ne saurait échapper, même dans cette vie. Le libérateur, tantôt se cache sous les vêtements d’un centurion obscur, tantôt se glisse, comme un voleur, dans l’appartement secret du palais impérial, tantôt s’embarque sur une rive étrangère, tantôt se réfugie dans un cloaque, pour saisir et frapper l’oppresseur : presque tous ces empereurs meurent de mort violente, l’un souâ un oreiller, l’autre sous la pointe d’un poignard. De là toutes ces péripéties funèbres où les tyrans, appréhendés par une main invisible, expient jusqu’aux larmes qu’ils font répandre, même après dix-huit siècles, à celui qui lit le récit de leurs forfaits. Que notre lecteur ne s’attende pas à celte intervention immédiate de la Providence pour dénouer des faits matériels. Ce sont ces phénomènes visibles qui forçaient l’écrivain païen à reconnaître l’existence d’une cause suprême : pour l’admettre, le chrétien n’a pas besoin de la contempler dans des signes qui tombent sous les sens : il sait que Dieu est patient parce qu’il est éternel. Que Henri règne en paix, et qu’après une vie d’opprobres il meure dans son lit, qu’importe à celui qui ne cherche pas à sonder les mystérieuses voies du ciel? L’impunité du coupable ne saurait accuser la Divinité.

Nous n’aurions pas entrepris l’histoire de ce règne lamentable, si nous n’eussions eu pour but que de réveiller des souvenirs qui, comme l’a dit ailleurs Shakespeare, seraient capables de faire verser des pleurs aux anges mêmes. L’épisode du schisme de l’Angleterre avec Rome, étudié dans ses causes et ses effets, est fécond en graves enseignements que nous avons tâché d’indiquer, à mesure du développement des faits historiques. Ici se reproduira la lutte des deux principes que nous avons déjà signalée dans nos précédents travaux sur Luther et Calvin. En racontant les progrès de la réformation allemande depuis le moment où le moine d’Erfurt affiche son appel à la révolte sur les murs de l’église de Tous-les-Saints, à Wittemberg, jusqu’à l’heure où il laisse tomber de ses doigts glacés son pamphlet contre la papauté, nous avons pu voir que, hors de cette unité représentée par le symbole catholique, il n’y a plus que désordre dans l’intelligence, anarchie dans les doctrines, négations dans la pensée, désespoir dans l’âme, stérilité dans l’œuvre. Au catéchisme de cette Église qui civilisa le monde, qu’a pu opposer Luther avec tout son génie et toutes ses colères? une confession qu’il fait et rapièce, qu’il rature et change, jusqu’à son dernier souffle, et que ses disciples remanient et corrigent jusqu'à ce que les signes muets qui la représentaient à l’œil ne traduisent plus l’image native, brisant ainsi, sous le nom d’unité catholique, cette association de toutes les âmes, seule source féconde d’œuvres immortelles. Le docteur des nations a dit : Fides ex auditu, la foi par l’ouie; mais comment la foi quand il y a autant de doctrines que de docteurs?

A Genève, ce fut sur les ruines de toutes les libertés communales, achetées ou conquises par le peuple et ses évêques, que Calvin parvint à fonder la réforme. Au pouvoir sagement limité de l’épiscopat succéda bientôt une théocratie qui, pendant quinze ans de lutte avec le parti libéral, ne vécut que par la terreur et le gibet. C’est un écrivain de l’école de Berlin qui a dit, en parlant des lois de Calvin, qu’elles étaient écrites avec un fer rouge, et M. James Fazy a fait justice des institutions du Genevois , qui semblent dérobées à Dèce ou à Valens, et qui punissent comme un blasphème toute médisance contre l’hiérophante. Genève réformé ressemble un moment à la cité de Dante, où l’on n’entend résonner que des soupirs, des gémissements et des pleurs sous un ciel sans étoiles.

Quand on étudie l’Angleterre dans la période qui précéda l’avénement des Tudor, on est frappé de l’état des institutions libres que possède le pays. On y trouve une grande charte arrachée au roi Jean par les barons; à côté de ce code écrit, des exemples de résistance au despotisme; une chambre des lords formée d’hommes d’ancienne race jaloux de leur indépendance; une chambre des communes qui a pris une assez large place dans l’administration des affaires, et défend avec un courage persévérant les immunités du foyer domestique et les libertés individuelles; une représentation religieuse sous le nom de convocation, qui peut, sans l’autorisation ou le contrôle du prince, se former en synode et régler tout ce qui appartient au dogme ou à la discipline. Le clergé, au besoin, invoque les franchises qu’ont reconnues et confirmées les chartes royales. Le peuple a le droit de se réunir, d’être armé, d’être jugé par ses pairs. La royauté, de quelque puissance qu’elle soit armée, quand elle a dépensé ses revenus particuliers, est obligée, pour vivre, d’en appeler au vote du pays. Il faut bien reconnaître que c’est sous l’influence du catholicisme que toutes ces institutions et ces libertés, objet d’envie des autres peuples, se sont fortifiées et développées. On voit combien est injuste le reproche qu’on a fait au catholicisme de son affinité avec le despotisme. En Angleterre, il s’est intimement associé à la vie représentative de la nation. Peu soucieux des formes politiques d’un peuple, que ces formes se nomment parlement, états généraux, diètes ou cortès, il pose sa tente partout, même à côté des tribunes républicaines de Florence, de Venise, de Gênes, de Pise, de Sienne; occupé partout de veiller sur les libertés populaires, et bien différent du protestantisme qui, en Allemagne, théâtre de sa première apparition, loin de demander la liberté politique, accepte, dit M. Guizot, que nous aimons à citer, «je ne voudrais pas dire la servitude politique, mais l’absence de la liberté.»

La révolution religieuse, en Angleterre, fut un simple accident et non, comme l’a prétendu Burnet, une protestation réfléchie d’un peuple opprimé contre la tyrannie de ses prêtres. En Angleterre pas plus qu’en Allemagne, au seizième siècle, le sacerdoce n’opprima la société. L’histoire nous montre ce sacerdoce ce qu’il fut réellement, « facile et tolérant », Au besoin, la papauté était là pour lui donner des leçons de sagesse et de modération. Nous assisterons bientôt à une lutte entre la royauté représentée par Henri VIII, et la papauté manifestée par Léon X, Clément VII et Paul III, et nous verrons lequel de ces deux pouvoirs défendit la justice et la civilisation. Produit d’un caprice amoureux, le schisme anglican sortit tout armé du cerveau d’un Tudor, sans qu’aucun fait extérieur eût an­noncé ou provoqué son avènement. Dans cette œuvre révolutionnaire, M. Guizot fait intervenir à la fois le prince et l’épiscopat qui s’associent pour se partager, soit comme richesses, soit comme puissance, les dépouilles de la hiérarchie pontificale. Il nous semble que l’illustre publiciste donne un rôle trop important à l’épiscopat, qui ne se présente ici que comme l’instrument passif, l’esclave obéissant, le comparse soumis de la royauté. Il est bien vrai que pour gagner le clergé, le despote consentit à lui abandonner une partie de l’argent des monastères spoliés, mais il retint le pouvoir, pouvoir monstrueux, d’hiérophante et de monarque. C’est le représentant de ce dualisme phénoménal que nous nous sommes proposé de montrer dans les deux phases de sa vie mondaine et spirituelle.

Cette histoire de Henri VIII et du schisme d’Angleterre est en quelque sorte le complément de nos travaux antérieurs sur la réforme, travaux sérieux, patients et consciencieux surtout, comme la critique allemande l’a reconnu. C’est encore aux sources officielles que nous sommes allé nous inspirer. A Rome, la Vaticane, outre les lettres autographes de Henri à Anne de Boleyn, nous a donné de nombreux documents sur la lutte si glorieuse de Clément VII avec le roi d’Angleterre, et les intrigues diplomatiques de Wolsey; la Minerve, des pages inédites sur le sac de Rome, et les disputes des uni­versités italiennes touchant la question du divorce entre Henri et Catherine d’Aragon.

A Florence, la Magliabecchiana nous a livré les dépêches des ambassadeurs vénitiens en Angleterre. Vienne est riche en lettres de Charles-Quint, que nous avons soigneusement consultées. A Paris, dans la collection Béthune, est déposée la cor­respondance des agents français auprès du cabinet britannique, trésor de révélations qui n’avait point été épuisé par les patientes explorations de Le Grand. Mais c’est surtout au British Muséum de Londres que sont rassemblées les confidences authentiques de tous les hommes politiques, Wolsey, Thomas More, Cromwell, Cranmer, Pace, qui prirent une si grande part aux luttes politiques et religieuses de cette époque. C’est là qu’est la correspondance du connétable de Bourbon, vendant à Henri VIII la couronne de François I. Voilà les sources où nous avons puisé, où l’on a puisé pour nous.

Loin de nous la pensée d’imposer au lecteur nos opinions personnelles. Avantd’écrire notre ouvrage, nous nous sommes rappelé que Goethe exige que l’historien s’assure d’abord, et qu’il prouve ensuite que les faits qu’il rapporte appartiennent bien au domaine de la réalité. Grâce à nos documents officiels, où l’autographe, ce miroir de la conscience, vient souvent éclairer le passé d’une lumière nouvelle, on pourra facilement confirmer ou réformer, quand surtout on aura comparé nos récits inédits avec le témoignage des historiens, des biographes, des publicistes, des philologues que nous avons consultés, et dont nous allons donner la liste.

 

 

NICE READING

Richard III, King of England, 1452-1485

HENRY VII

ENGLAND UNDER THE TUDORS KING HENRY VII (1485-1509). by DR. WILHELM BUSCH

LIFE OF THOMAS LINACRE, 1460-1524

LIFE OF THOMAS MORE , 1478-1535

REGINALD POLE, CARDINAL ARCHBISHOP OF CANTERBURY1500-1558

PERKIN WARBECK, 1474-1499