Michel
le Syrien, dit aussi Michel le Grand, né à Mélitène en
1126 et mort le 7 novembre 1199, fut patriarche de l'Église
syriaque orthodoxe du 18 octobre 1166 jusqu'à sa mort.
À sa
naissance, Mélitène appartenait au royaume
turc des Danichmendides; en 1142, quand ce
royaume fut divisé en deux, elle devint même la capitale d'une
principauté ; en 1178, celle-ci fut incorporée au sultanat de Roum. À proximité de la ville se trouvait le monastère
jacobite de Mar Bar Sauma, qui servait de résidence
patriarcale depuis le xie siècle. Michel
appartenait à la vieille famille chrétienne des Qîndasî.
Son père Elias était prêtre ; son oncle, le moine Athanase, devint évêque
d'Anazarbe en Cilicie en 1136. Il fut
confié dès son enfance au monastère de Mar Bar Sauma,
dont il devint archimandrite avant l'âge de trente ans. Il y fit
réaliser d'importants travaux (adduction d'eau, tour de défense). Le 18
octobre 1166, âgé de quarante ans, il fut élu patriarche de l'Église
jacobite, puis consacré en présence de vingt-huit évêques.
En
1168, il fit un pèlerinage à Jérusalem, puis séjourna un an
à Antioche. Ces deux villes faisaient alors partie des États
latins fondés au Proche-Orient par les croisés, et Michel
établit d'excellentes relations avec les dignitaires occidentaux,
notamment Amaury de Nesle, patriarche latin de Jérusalem. À son
retour au monastère de Bar Sauma, à l'été 1169, il y
tint un synode pour tenter de réformer l'Église, minée par
la simonie. L'empereur
byzantin Manuel Ier Comnène tenta d'entrer en négociation
avec lui pour la réunification des Églises. Mais Michel se méfiait beaucoup des
Grecs : il refusa de se rendre à Constantinople à l'invitation
de l'empereur ; il refusa même, à deux reprises, en 1170 et en 1172, de
rencontrer personnellement son légat Théorianus, se
faisant représenter par l'évêque Jean de Kaishoum,
puis par son disciple Théodore Bar Wahboun. À trois
lettres successives envoyées par l'empereur, il répondit simplement en
réaffirmant les convictions monophysites de l'Église jacobite. Vers
1174, Michel dut faire face à la fronde d'une partie des évêques de l'Église.
Il fut d'autre part arrêté à deux reprises, par les hommes du préfet
de Mardin et par ceux de l'émir de Mossoul, à l'instigation,
déclare-t-il, d'évêques mutinés contre lui, mais il parvint à se tirer
d'affaire. Les moines du couvent de Bar Sauma se
rebellèrent en 1171 et en 1176. Entre 1178 et 1180, il séjourna à nouveau dans
les États latins, à Antioche et à Jérusalem. Invité par le
pape Alexandre III à se rendre au troisième concile du Latran,
il déclina l'invitation, mais participa quand même au concile par écrit, en
rédigeant un long volume sur la doctrine des Albigeois, d'après la
description qu'on lui en avait faite.En 1180, son
ancien disciple Théodore Bar Wahboun parvint à se
faire élire patriarche à Amida et commença un schisme qui
dura treize ans. L'usurpateur s'assura des partisans, notamment à Damas,
Jérusalem, Mossoul et Mardin ; il séjourna à Hromgla auprès
du catholicos arménien Grégoire IV, qui lui permit d'obtenir la
reconnaissance officielle du prince Léon II de Petite-Arménie.
Le schisme ne prit fin qu'à la mort de Théodore pendant l'été 1193.
Michel
reçut le sultan Kiliç Arslan II à Mélitène en 1182 et
eut avec lui des discussions cordiales. Il mourut le 7 novembre
1199 dans le monastère de Bar Sauma à l'âge de soixante-treize ans, après
trente-trois ans de patriarcat.