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HISTOIRE DE CHARLEMAGNE
LIVRE
DEUXIÈME
. CHARLEMAGNE
EMPEREUR
CHAPITRE III
Autres affaires de l'Europe.
CHARLEMAGNE cependant
était plutôt dégoûté que détrompé de la guerre ; il la faisait peu par
lui-même, mais il la faisait faire par ses fils ; il avait été un héros, il
fallait qu'il leur permît de devenir des héros à leur, tour ; il regardait la
guerre comme une carrière de gloire qu'il fallait que tout roi parcourût.
L'aîné de ses fils, le prince Charles, à qui l'empire était destiné, avait sous
son père le département de la Germanie ; il soumit les Sorabes et les Bohémiens
qui s'étaient révoltés. Le roi d'Italie, toujours jaloux de Grimoald, duc de
Bénévent, voulait toujours le soumettre ; et Grimoald se révoltait toujours,
quand il pouvait espérer d'être soutenu par l'empire grec. Nicéphore ayant fait
sa paix avec Charlemagne, le duc de Bénévent fit aussi la sienne avec le roi
d'Italie.
D'autres ennemis vinrent
exercer la valeur de ce roi. Les Sarrasins, non contents de leurs possessions
d'Espagne, tentèrent de subjuguer quelques-unes des îles voisines de l'Italie ;
ils voulurent faire une descente en Sardaigne, ils furent repoussés avec perte
de trois mille hommes. Ils tombèrent ensuite sur l'île de Corse ; mais
Charlemagne avait déjà des flottes sur toutes les mers ; il remporta sur eux,
par les armes du connétable Bouchard, une grande victoire navale. D'un autre
côté, le roi d'Aquitaine, Louis, alla les chercher en Espagne, pour les punir
de leur incursion en Italie. Après cette vicissitude de succès heureux et
malheureux, à laquelle il faut s'attendre dans la plupart des guerres ; après
que le roi d'Aquitaine eut pris, perdu, repris plusieurs fois, ou par lui-même,
ou par ses lieutenants, plusieurs places sur l'Èbre, ou dans le voisinage ;
après que les Gascons, qui avaient pris parti pour les Sarrasins, eurent été
sévèrement châtiés, on fit un traité, par lequel toute la Navarre et tout le
pays jusqu'à l'Ebre, en un mot, tout ce qui avait été originairement conquis
par Charlemagne, et qui depuis avait passé et repassé tour-à-tour sous la
domination des Français et sous celle des Sarrasins, demeura définitivement aux
Français, sous le nom de Marche d'Espagne.
L'empereur s'était réservé
l'ennemi le plus redoutable peut-être, et une guerre purement défensive ; s'il
ne voulait plus être conquérant, rien ne pouvait l'empêcher de redevenir
guerrier pour la défense de son pays et de ses conquêtes. Le turbulent
Godefroy, roi de Danemark, courait toujours toutes les mers, et observait
toutes les côtes du vaste empire de Charlemagne ; il voyait partout avec dépit
les précautions que la sagesse de l'empereur avait prises contre les incursions
des corsaires ; toutes les rivières gardées à leur embouchure, toutes les côtes
défendues ou par des flottes ou par des forts, un principal arsenal de marine
établi à Boulogne, d'où les munitions nécessaires étaient distribuées, au-dessus,
dans la mer d'Allemagne, au-dessous, dans la Manche et dans tout l'Océan. Dans
ce même lieu, Charlemagne avait fait relever un ancien phare qu'avait bâti
Caligula ; lorsque s'étant avancé jusque-là dans l'intention d'aller conquérir
la Bretagne, c'est-à-dire l'Angleterre, il s'était contenté de ramasser
quelques coquilles sur le bord de la mer, et de bâtir ce phare, comme s'il eût
craint que les Bretons ne voulussent venir attaquer la Gaule. Des auteurs
disent que ce phare fut bâtie par Jules César. Charlemagne y faisait avec soin
allumer des feux toutes les nuits, pour éclairer les vaisseaux et leur indiquer
l'entrée du port : ce monument s'appelle encore aujourd'hui la tour d'Ordre,
nom qu'il portait dès le temps de Charlemagne, et qu'on croit avoir été une
corruption de turris ardens. M. Bonamy le dérive du mot odrans, dont il avoue qu'il ignore la signification.
Godefroy s'indignait d'une
telle vigilance, et n'en était que plus animé contre l'empereur : le même zèle
que celui-ci avait eu pour la conversion des Saxons, et qu'il conservait
peut-être dans le fond de son cœur à l'égard des Danois, Godefroy l'avait pour
le culte de ses dieux2 ; c'était autant par fanatisme religieux que par
politique qu'il aimait à faire la guerre aux chrétiens ; aussi faisait-il une
guerre doublement cruelle, et dans toutes ses incursions, ses plus grandes
violences s'exerçaient sur les plus grands ennemis de ses idoles c'est-à- dire
sur les prêtres et les moines. La politique d'un autre côté, lui reprochait
sans cesse l'imprudence qu'il avait eue de laisser opprimer les Saxons, et
renverser la seule barrière qui le séparât de la France, il voulait, mais trop
tard, réparer cette faute : le seul moyen d'y réussir était de vivre toujours
en paix avec un voisin si redoutable, qui, lui-même, heureusement, inclinait
toujours de plus en plus pour la paix : mais les passions ne raisonnent point
ainsi ; Godefroy irritait toujours Charlemagne par des menaces suivies
d'incursions [808] : il voulait envahir tout le pays des Saxons et des Frisons
; il attaqua le Meckelbourg, il prit quelques
châteaux sur les bords de l'Elbe ; ses faibles exploits furent chèrement
achetés par la perte d'un de ses neveux, tué dans un assaut, et promptement
arrêtés par Charlemagne et le prince Charles son fils3, qui le
repoussèrent avec tant de vigueur, châtièrent si rudement les alliés qui
s'étaient laissé séduire ou entraîner par Godefroy, et lui inspirèrent à
lui-même tant de terreur, qu'il prit enfin de tous les partis qui n'étaient
point la paix, le seul qui fût raisonnable, celui que Charlemagne aurait dû
prendre contre les Saxons et les autres nations germaniques, celui que les
Chinois prennent contre les incursions des Tartares, celui que les Romains et
les Bretons avaient pris contre les Pictes et les montagnards écossais ; il fit
fermer par une haute muraille, garnie, d'espace en espace, de forts et de
tours, cette langue de terre qui s'étend entre l'Océan germanique et la mer
Baltique, et qui contient le Holstein, le duché de Sleswick et le Jutland :
Charlemagne de son côté fit défendre, par divers forts, les confins de la Saxe,
et les bords de l'Elbe ; niais ces précautions ne pouvant s'étendre à tous,
Godefroy fit une descente dans la Frise, battit les Frisons et ce qu'il y avait
parmi eux de Français pour les seconder. Charlemagne, à cette nouvelle,
s'avança jusqu'au Weser avec sa célérité ordinaire. Il apprit, en arrivant, que
le roi de Danemark venait d'être assassiné par un de ses gardes. Le premier
soin d'Hemminge, fils et successeur de Godefroy, fut
de demander la paix [810] ; il l'obtint, en sacrifiant le peu de conquêtes que
son père avait faites, fort inutilement, comme on voit.
La république de Venise
était alors dans une situation assez critique. Placée entre l'empire d'Orient
et celui d'Occident, entre Nicéphore et Charlemagne, elle avait, selon les
conjonctures, la prétention tantôt avouée, tantôt secrète, d'une indépendance
entière ; elle soutenait que les premiers citoyens qui l'avaient fondée du
temps d'Alaric et
d'Ataulphe, puis d'Attila, et enfin de Genséric, et
qui avaient construit Rialte, avaient dû, par leur
retraite au milieu des eaux, et par leur séparation absolue de la terre,
échapper à la fois et aux ravages des barbares et à la souveraineté de l'empire
romain. Les acquisitions qu'ils avaient faites dans la suite en terre ferme
n'avaient rien changé, selon eux, à la nature des choses ; ces espèces de
colonies devaient suivre le sort de la métropole et participer à son
indépendance. L'empire soutenait au contraire que rien de ce qui existait dans
le monde connu ne pouvait prétendre à l'indépendance, et que tout devait
reconnaître la souveraineté de Rome. Ce qu'il y avait de plus singulier,
c'était que les empereurs de Constantinople conservassent cette prétention dans
le temps où Rome même n'était plus dans leur dépendance.
Le renouvellement de
l'empire d'Occident, sous Charlemagne, est une Grande époque dans la fameuse
question de l'indépendance des Vénitiens, question agitée tant de fois avec
tant d'éclat, mais surtout vers le temps de la conspiration du marquis de Bedmar [1618]. Il paraît que les Vénitiens, dans l'origine,
étaient sujets de l'empire romain ; ceux qui formèrent leur république étaient
personnellement sujets de l'empire ; les îles où ils la formèrent étaient du
domaine de l'empire. Ces réfugiés, contents d'avoir trouvé un asile contre la
fureur des barbares, regardaient sans doute eux-mêmes comme un avantage de
tenir à l'empire d'Occident, tout ébranlé, tout déchiré qu'il était. En effet,
quel autre moyen avaient-ils de résister aux barbares, que de rester incorporés
à l'empire, qui seul pouvait les défendre ? Il paraît encore qu'à la chute de
l'empire d'Occident, les Vénitiens portèrent leur hommage aux empereurs
d'Orient, et que s'ils furent soumis aux barbares, ils ne le furent que de
fait, et que malgré eux. On ne voit pas qu'Odoacre ait rien entrepris en
particulier contre les îles vénitiennes.
Théodoric, qui enleva
l'Italie à Odoacre, rendit les îles vénitiennes tributaires ; mais le royaume
des Goths, qu'il avait fondé, dura peu, et aussitôt que les armées impériales
eurent commencé d'en ébranler les fondements, les Vénitiens, qui n'avaient été
que malgré eux soumis aux barbares, se livrèrent à leur ancienne inclination
pour le nom romain, et se mirent sous la protection des empereurs d'Orient.
Les Lombards n'eurent
jamais sur les îles vénitiennes ni droit ni prétention. Les Français
succédaient aux Lombards, et tant que Charlemagne fut simplement roi de France
et de Lombardie, il ne paraît pas qu'il eût aucun domaine direct à prétendre
sur les Vénitiens ; mais il renouvela l'empire d'Occident, dont les Vénitiens
avaient dépendu dans l'origine : ce renouvellement de l'empire d'Occident
devint pour eux une source d'embarras et d'inquiétudes.
Dans la division qui avait
été faite de l'empire entre Nicéphore et Charlemagne, celui-ci avait nommément
dans son partage l'Istrie et la Dalmatie, provinces si voisines de l'État de
Venise, que, jointes aux contrées de l'Italie, dont Charlemagne avait, même
avant le renouvellement de l'empire d'Occident, ]e domaine, soit direct, soit
utile, elles devaient au moins donner à un si puissant prince une très grande
influence sur les affaires de la république de Venise ; et il résulte de divers
témoignages historiques que les possessions que Venise avait dès-lors en terre
ferme relevaient de l'empire d'Occident, et que les îles qu'ils occupaient dans
le golfe, ou étaient indépendantes, ou relevaient de l'empire d'Orient. Le
mystère que les Vénitiens ont toujours affecté de répandre sur les matières de
gouvernement, et leur inquisition d'État, aussi ombrageuse, aussi terrible que
peut l'être dans d'autres pays l'inquisition religieuse — qui n'est elle- même
dans le fond qu'une inquisition politique —, rendent leur histoire, surtout
dans ces temps-là fort obscure et fort incertaine ; on croit voir seulement
qu'ils se mettaient tour-à-tour sous la protection de l'empire d'Orient et de
l'empire d'Occident, pour se dérober à la souveraineté de tous les deux.
Nicéphore croyait quelquefois avoir acheté la paix trop cher, en reconnaissant
Charlemagne et l'empire d'Occident ; il était toujours prêt à entrer en guerre
avec les Français ; et dans le même temps où le connétable Bouchard battit la
flotte des Sarrasins dans la Méditerranée, aux environs de l'île de Corse, le
patrice Nicétas croisait avec une flotte grecque dans le golfe de Venise,
disposé à seconder les Sarrasins, s'ils eussent été plus heureux. La défaite de
ceux-ci empêcha Nicétas de rien entreprendre. Nicéphore montra encore dans
d'autres occasions des dispositions ennemies ; les Vénitiens, suivant les
intérêts de leur indépendance, prirent tour-à-tour le parti de Nicéphore et
celui de Charlemagne.
Venise était alors
gouvernée par un duc ou doge, et par des tribuns. Le doge Jean, et son fils
Maurice qu'il s'était associé, étaient dans les intérêts de Nicéphore ; les tribuns Obélério et Béat son frère, dans ceux de Charlemagne.
Le doge, pour plaire à Nicéphore, fit choix d'un Grec pour remplir le siège
épiscopal d'Olivolo, une des îles qui compose Venise1 ; les tribuns
prièrent l'archevêque de Grado de refuser l'ordination au Grec que le doge
avait choisi. L'archevêque alla plus loin, il excommunia le Grec ; le doge
irrité, ou son fils, assiégea l'archevêque dans sa ville, l'y prit, et le fit
précipiter du haut d'une tour. Paulin patriarche d'Aquilée-, non moins ami de Charlemagne
qu'Obélério et Béat, tint à ce sujet à Altino un concile, pour lequel il prit les ordres de ce
monarque. Fortunat, neveu du patriarche assassiné, se sauva en France à la cour
de Charlemagne ; Obélério, à Trévise. Charlemagne,
sur leurs remontrances et leurs plaintes, donna ordre à Pepin son fils, roi
d'Italie, de prendre en considération les affaires des Vénitiens, et Pepin fit
la guerre aux doges. Ceux-ci appelèrent Nicéphore à leur secours ; mais
bientôt, par les intrigues plus puissantes du parti français, les doges furent
obligés de prendre la fuite. Obélério, leur ennemi,
fut fait doge à leur place, et son frère Béat lui fut associé, comme Maurice
l'avait été à Jean son père. Fortunat fut fait patriarche de Grado à la place
de son oncle. Cette affaire de Grado, ainsi que les autres qui concernaient
l'État de Venise et l'empire des Grecs, parurent d'une assez grande importance
pour mériter que le pape fît à ce sujet un voyage en France, en prétextant je
ne sais quel miracle opéré à Mantoue, et dont il voulait, disait-il, rendre à
Charlemagne un compte détaillé. Dans une lettre où ce pontife recommande au roi
les intérêts de l'archevêque de Grado, il parle du respect que ce prélat doit
à son maître ;
ce maître, c'est Charlemagne. On voit en effet que ce prince fit des actes de
souveraineté dans l'État de Venise ; Éginard dit
formellement que Charlemagne donna ses ordres sur tout ce qui regardait les
ducs et les peuples de Vénétie et de Dalmatie. Louis-le-Débonnaire y conserva
la même autorité ; l'auteur du Squitinio della liberta Veneta, et après lui Le
Blanc, en rapportent pour preuve une monnaie d'argent de ce prince, frappée
dans Venise, ce qui fut toujours la marque la moins équivoque de la
souveraineté.
La flotte de Nicéphore
reparut dans le golfe de Venise sous un autre commandant, nommé Paul ; elle
tenta de surprendre Comacchio, et fut repoussée ; elle s'en vengea
sur Populonie2,
aujourd'hui Piombino, qu'elle prit et pilla.
Dans le cours de ces
diverses expéditions, les nouveaux doges servirent Charlemagne avec zèle ; mais
ils ne purent entraîner leur nation, qui persévéra dans son attachement pour
les Grecs. Pepin continua la guerre contre Venise ; et alors Obélério et son frère, étant devenus suspects aux
Vénitiens, furent chassés à leur tour. Quelques auteurs disent au contraire que
ces deux doges, en affectant beaucoup de zèle pour les intérêts de Charlemagne,
s'attachaient surtout à perpétuer la guerre et à traverser tous les traités
entre les deux empires : on s'aperçut qu'ils n'étaient pas plus fidèles à
Charlemagne qu'à Nicéphore ; alors ce fut à eux-mêmes que Pepin, roi d'Italie,
crut devoir faire la guerre ;-il les attaqua par terre et par mer, les battit
partout, et les força de se soumettre à sa domination. C'est ainsi du moins que
l'abbé Velly raconte l'histoire de ces guerres,
d'après Sigonius : en général, les
auteurs français ne parlent que des triomphes de Pepin dans ses diverses
hostilités contre Venise ; mais les auteurs vénitiens racontent les choses bien
différemment. Ils conviennent que Pepin s'avança en vainqueur jusqu'à Malamauco ; mais ce fut, selon eux, le terme de ses succès.
Par le conseil d'Ange-Participatio, qui fut doge
après l'expulsion d'Obélério et de Béat, les
Vénitiens abandonnèrent Malamauco pour se retirer
tous à Rialte, comme les Athéniens, dans la guerre
contre Xerxès, avaient quitté leur ville pour se réfugier dans leurs vaisseaux.
Les lagunes rendaient l'accès de Rialte difficile et
dangereux, et c'était sur cette ressource que les Vénitiens avaient compté ;
ils se présentèrent au combat avec des navires [810], dont la petitesse excita,
de la part des Français, un rire universel de mépris et de pitié. Les Français
avaient toute la confiance que les succès de Charlemagne devaient naturellement
inspirer à sa nation ; niais ils n'avaient pas toujours la prudence qui avait
assuré ces succès ; ils crurent qu'avec leurs gros vaisseaux ils allaient
écraser cette flotte légère. Les Vénitiens reculant toujours devant eux à
Mesure que les Français s'avançaient, les attirèrent insensiblement au milieu
des lagunes, où les vaisseaux français s'embourbèrent, tandis que les légers
bâtiments vénitiens, pour lesquels il y avait toujours assez d'eau, semblaient
voltiger autour de ces masses immobiles, prenant leur temps pour les attaquer
et se retirer à-propos ; les Vénitiens remportèrent une victoire complète, dont
Pepin ne put jamais prendre sa revanche. La paix se fit entre les deux empires
aux mêmes conditions qu'auparavant ; par conséquent la guerre avait été
inutile. Venise fut mise ou rentra sous la dépendance de l'empire grec4 ; la Dalmatie
resta aux Français, du moins en grande partie. Les bornes de l'empire de Charlemagne
étaient, au nord, la mer Baltique jusqu'à la Vistule ; à l'orient, la Teisse et la Save ; au midi, la Calabre ultérieure en
Italie ; au couchant, le cours de l'Ebre en Espagne. Il avait ajouté aux États
du roi Pepin son père toute la Saxe, depuis le Rhin jusqu'à la Vistule, depuis
la Franconie jusqu'à la mer Germanique, et jusqu'à la mer Baltique ; le duché
de Bavière avec la Stirie et la Carinthie ; la
Pannonie, c'est-à-dire l'Autriche, la Hongrie et l'Esclavonie ; les pays situés
entre l'Italie et la Pannonie, tels que l'Istrie, la Liburnie ou Croatie, une partie de là Dalmatie ; toute l'Italie, depuis les Alpes
jusqu'à la Pouille et à la Calabre ; car ce que Pepin avait conquis deux fois
en Italie sur Astolfe avait été repris par Didier ;
enfin, l'Aquitaine, et la Gascogne, les Pyrénées, et toute la partie de
l'Espagne située entre ces montagnes de l'Ebre.
La paix régna entre les
deux empires tout le reste du règne de Nicéphore. Michel Curopalate, son
successeur, n'eut rien de plus pressé, à son avènement, que d'envoyer demander
à Charlemagne son amitié, et que de le reconnaître sous le même titre de
Basileus qu'il prenait lui-même.
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