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HISTORIE DIVINE DE JÉSUS CHRIST |
FRENCH DOOR |
LUTHER, LE PAPE ET LE DIABLEQUATRIÈME PARTIE Sur l'interprétation de l'histoire
La haine que les conséquences du défi luthérien ont déchaînée sur toute
l’Europe, et qui a navigué sur les vagues de l'Atlantique jusqu’à se noyer dans
le Pacifique, ne doit pas obscurcir notre intelligence. On ne haït pas si fort
que cela celui qui a été aimé avec la même folie. Peut-être l’église allemande,
emportée par la vague de haine fratricide, a-t-elle eu recours au moyen le plus
simple pour apaiser sa conscience : la schizophrénie. Et par le biais de
l’artifice consistant à renaître dans le giron de la Réforme, elle veut
maintenant nier l’existence de la relation d'Amour que l’Église catholique et
la nation allemande entretiennent depuis le début.
En fait, aucune autre nation, à l’exception de l’Italie, n’a eu une
influence aussi puissante et décisive sur l’histoire du christianisme. On peut
dire que sans le peuple allemand, tant dans son amour que dans sa haine de
l’évêque de Rome, les aventures du christianisme auraient été très différentes
de ce que l’histoire a enregistré.
Sans craindre d’être accusé de rhétorique, d’exagérer pour gagner, les
batailles que les peuples allemands ont menées et gagnées pour la Civilisation
et pour le Christianisme n’étaient pas moins importantes et décisives que
celles gagnées plus tard par les peuples espagnols. L’avenir de l’Europe et de
la civilisation doit tellement à la nation allemande, pour le meilleur et pour
le pire, que sans son existence, le monde tel que nous le connaissons
aujourd’hui n’aurait pas été possible. Et inversement, la forge de l’Allemagne
doit tellement à l’Église catholique contre laquelle Luther a semé la haine que
sans la relation d’amour entre l'évêque de Rome et le Premier Reich, son
histoire serait un puzzle inintelligible.
Le processus de dissociation à la mort que la nation allemande a entrepris,
en bannissant le lien catholique de sa mémoire historique, peut être comparé au
mieux à un processus de lavage de cerveau, et au pire à une compréhension des
symptômes de la phénoménologie de la schizophrénie paranoïde, une maladie qui
deviendra chronique et sera découverte dans son état maximal de virulence
pendant le Troisième Reich.
Au fil du temps, si les circonstances le permettent, nous retrouverons les
schémas et les moments de cette relation amour-haine qui a donné aux deux
parties des propriétés si spécifiques. En tout cas, les manuels sur la
préhistoire et l’histoire du Saint Empire Romain Germanique, des Francs à la
Réforme, sont à la disposition de tous. L’Internet est une bonne source
d’informations, à la fois sur les bons à la maison et sur les méchants à
l'extérieur, ces papistes. En attendant, nous pouvons tirer de l’histoire
les conséquences auxquelles ses leçons nous invitent.
La première de toutes concerne la valeur de l’histoire écrite. Il est juste
que les vainqueurs d’un conflit écrivent l’histoire pour eux-mêmes. Ce droit
implique l’attribution du rôle du bien au vainqueur et la diabolisation logique
du vaincu. Ce droit n’est pas contesté. Elle a été utilisée par tous les
vainqueurs, à toutes les époques et en tous lieux. Ce qui est contesté, c’est
la valeur d’une histoire écrite par le vainqueur.
Dans les cas enregistrés par l’histoire, il y a eu une tendance générale de
la part des chroniqueurs officiels des vainqueurs à commencer leurs récits par
une confession d'amour philosophique pour la vérité. Immédiatement après, ces
historiens officiels perdent la mémoire et ne se souviennent plus que leur
peuple a commis une quelconque faute, ou fait des actes impies pour lesquels il
mérite la haine de l'humanité.
Disons que si Hitler avait gagné, les six millions de Juifs qui ont disparu
n’auraient échappé à personne, par exemple. Ou quoi que ce soit de ce genre.
Heureusement, Dieu n’a pas permis aux chroniqueurs du nazisme d’écrire
l'histoire, ni celle de la défaite, ni celle de la victoire.
Quoi qu’il en soit, il est curieux de voir à quel point parler de
l’Allemand revient à parler du Juif. Mais dans ce domaine, le prototype par
excellence de ce type d’historien, même si dans ce cas l’histoire se retourne
contre son auteur, est le cas de l’Histoire des Juifs écrite par Flavius
Josèphe.
Il est également curieux qu’entre le Luther qui a écrit l'histoire du futur
de son peuple et le Flavius Josèphe qui a écrit le passé du sien, il y a un
point où les deux personnages se ressemblent comme le reflet sur le visage de
l’homme qui se regarde dans le miroir. Je veux dire que l’un et l’autre ont
dirigé un mouvement populaire, et l’un et l’autre, face à une victoire
impossible, ont déserté leur peuple et sont passés à l’ennemi.
Luther a trahi la cause du peuple lors de l’impossible victoire de la
révolution des paysans. Flavius Josèphe a trahi les siens immédiatement après
la révolution qui a pris le contrôle de Jérusalem et provoqué la destruction de
toutes les archives de l’État d'Israël.
Après ce premier moment d’euphorie révolutionnaire, dès que les légions romaines
se sont mises en position de combat, ce capitaine de la lignée du roi David a
déserté leurs rangs et s’est livré à l’Empire, depuis les tentes duquel il a
assisté à la destruction de sa nation. Ce traître à sa patrie et à sa nation,
croyant que l’avenir du christianisme était condamné et comptant sur la faveur
des Césars, réécrivit l’Histoire des Juifs, leurs Antiquités comme leurs
Guerres. Outre la création d’un testament anti-ancien selon Flavius Josèphe,
les persécutions juives anti-chrétiennes, la naissance du christianisme et le
phénomène Jésus-Christ n’ont jamais eu lieu.
Comme celui qui tourne une jarre et verse ce qu’elle contient, ou comme
celui qui exorcise l’esprit de Dieu du corps historique des Hébreux, ce Judas a
vidé les Saintes Écritures de leur contenu divin. Le résultat fut la
transformation de la religion des Patriarches et des Prophètes en une autre
religion mondaine, avec ses paranoïas nationales et ses propriétés indigènes,
mais finalement une religion qui avait autant le droit de vivre que la romaine,
la grecque et la plus peinte.
Malheureusement, le judaïsme ultérieur a absorbé une partie de l’idéologie
Flavio-joséphienne, sa personnalité acquérant les notes schizophréniques
typiques de quelqu’un qui a surmonté l’existence d’un traumatisme en niant la
réalité des faits et des actes qui ont donné lieu à sa genèse. En effet, après
avoir exorcisé l’esprit de Dieu du corps historique de sa nation, Flavius
Josèphe, lorsqu’il s’agit des Actes, nie l’existence des persécutions antichrétiennes
qui, des années 30 aux années 70, ont été la tendance générale dans tout l’État
juif.
Ainsi s’écrit son Histoire impie... qui peut s’étonner que les Juifs
n’aient jamais pu comprendre d’où venait, chez les nations chrétiennes, la
haine de leur race pour le crime commis contre un homme... ? Dans aucune de
leurs écritures historiques, sacrées et impies, il n’est fait mention des trois
solutions finales que leurs pères ont décrétées contre le christianisme. Et
ainsi de suite jusqu’à aujourd'hui.
Revenons maintenant au cas de l’Histoire de la Réforme écrite par les
Réformateurs, c'est-à-dire les vainqueurs. La comparaison entre Luther face aux
conséquences de sa révolution théologique et Flavius Josèphe face à la sienne
n’est pas gratuite. L’un et l’autre, lorsque le moment de vérité est arrivé,
ont abandonné leur peuple au massacre ; tant Luther que Flavius Josèphe ont
acheté leur peau au prix de la destruction du peuple qu’ils ont conduit à la
liberté. La comparaison n’est donc pas gratuite.
La méthode et la façon dont ils ont aimé la vérité ne peuvent pas non plus
être éloignées l’une de l’autre. Il suffit de lire une histoire nationaliste de
la Réforme pour s’en rendre compte. Comme ces Juifs qui n’ont jamais pris de
mesures définitives contre les premiers chrétiens, la Réforme, étant une
congrégation de saints comme elle l’était, n’a jamais pu commettre aucun crime.
Amen, amen, amen. Les nouveaux croyants, pauvres et saints, n’ont provoqué
personne, amen ; ils n’ont pas non plus déclenché de guerre civile, amen ; ou
quoi que ce soit de ce genre. Ce sont les papistes méchants et perfides qui ont
commencé la guerre, et eux, les saints réformateurs, n’ont fait que répondre,
et, bien sûr, ont gagné. Vainqueurs, ils avaient tous les droits d’écrire l’histoire
en diabolisant les vaincus et en sanctifiant leurs crimes sur le sang des
vaincus. Je ne serai donc pas celui qui effacera un chapitre ou une ligne du
livre d’histoire.
Alors pourquoi et quel est l’intérêt de cette comparaison, puis-je demander?
Eh bien, sa logique implacable a à voir avec la genèse de tout processus
schizophrénique, d’abord, et finalement avec le déni de la réalité divine de
l’homme qu’implique une telle manipulation de l’Histoire. Laissez-moi vous
expliquer.
Lorsque Dieu a créé l’homme, il l’a doté du support matériel nécessaire à
la réalisation de sa formation à son image et à sa ressemblance. Nous parlons
d’intelligence. Celui dont l’Omniscience est fondée sur un volume infini de
mémoire ne pouvait former une créature à son image et à sa ressemblance sans la
doter de ce support matériel, qui traduit dans notre réalité parle d’une
capacité illimitée de stockage de la connaissance.
La réalité humaine repose sur deux piliers : sur une mémoire génétique, qui
agit automatiquement et reconnaît la réalité physique à l’insu de l'ego. Cette
mémoire est héréditaire ; et dans son code, elle porte l’image du monde réel,
c'est-à-dire le monde physique tel que nous le vivons, avec ses couleurs et ses
sons.
Lorsque l’homme naît, son cerveau ne doit pas redémarrer et être chargé de
toutes les informations physiques du monde réel ; ces informations sont
stockées dans la structure même de son cerveau. La capacité d’apprentissage de
l'être humain est ainsi fantastique, c'est-à-dire à l’image et à la
ressemblance de son Créateur.
Mais il existe une autre mémoire qui est fondamentale pour l'intelligence
humaine et sans laquelle le cerveau ne peut traiter la réalité et définir la
nature des événements dans lesquels il vit. Nous parlons de la mémoire
historique de l'humanité.
Ainsi, lorsque Dieu a projeté l'Incarnation de son Fils, l'idée n'était
viable que sur la base de la déclaration qui nous a été faite au début :
"Ceci est le livre de la descendance d'Adam. Lorsque Dieu créa l'homme, il
le fit à son image". Créée à Son Image, c'est-à-dire née pour
l'Omniscience, intelligente par nature, c'est seulement à partir de la
matérialisation vivante des caractéristiques de l'Intelligence de son Créateur
que l'on peut affirmer d'une créature ce qui a été affirmé ici.
S'il ne s'agissait que d'une affirmation gratuite, l'Incarnation n'aurait
jamais pu avoir lieu. Parce qu'il y a eu, dans l'Incarnation, l'affirmation a
été maintenue, et la nature de l'intelligence à l'image et à la ressemblance de
laquelle Dieu nous a créés a été découverte à nous tous.
Or, créée avec une mémoire de volume illimité, l'intelligence de l'homme
exige pour le traitement de la vraie nature de la réalité qu'on lui fournisse
toutes les informations nécessaires à son exécution. Les conclusions tirées de
cet acte de traitement des informations contenues dans la mémoire historique,
nous les appelons Connaissance.
Que faisons-nous, alors, lorsque nous effaçons de l'histoire les événements
de l'humanité, quelle que soit la nation ou la race ?
Il n'est pas nécessaire d'être un génie ou d'étudier toutes les sciences
pour comprendre que la connaissance d'un peuple dont la mémoire a été effacée,
au nom du patriotisme, du nationalisme, ou de toute autre doctrine justifiant
ce crime contre l'Humanité et sa nation ; le résultat d'un tel effacement de la
mémoire sera un comportement pathologique, dont le degré de virulence, homicide
ou suicidaire, peut être déterminé par l'étendue du balayage.
Dans cette quatrième partie, je vais récupérer de la corbeille un document,
peu connu localement et universellement, dont la connaissance éclaire l'horizon
et nous conduit directement à la genèse de la schizophrénie paranoïaque
homicide anti-juive de la période nazie. Naturellement signé par le Révérend
Père Martin Luther.
Pour mémoire, sur les morts, seul Dieu a le pouvoir de juger. Ce qui
appartient à l'Homme, c'est de supprimer tous les obstacles que les
nationalismes et les préjugés historiques ont érigés entre nous et de libérer
l'accès à la véritable Mémoire historique de l'Humanité. Nous continuons avec
les Thèses.
CHAPITRE 13.
Les mourants et les lois canoniques
-Les mourants sont absous de toute leur culpabilité par la mort, et sont
déjà morts pour les lois canoniques, étant exemptés d'elles de plein droit.
En beaucoup de choses, Luther aurait tort, mais en cette matière plus qu'en
toute autre, malheureusement, car si la mort absout de toutes les infractions
commises contre le Royaume de Dieu, qui sont celles qui sont comprises sous la
longue main canonique, pourquoi et pourquoi Jésus-Christ a-t-il donné à ses
Apôtres les clés d'aucune porte ?
Le rhétoricien et sophiste Luther s’absout des crimes contre le Royaume de
Dieu qu'il pourrait commettre. Et s'il se bénit lui-même, il aura en tête une
bataille à mener. Prenez Constantin le Grand.
Le célèbre Constantin le Grand savait que la fonction d'Imperator et la
vocation de chrétien sont tellement impossibles à concilier qu'il a réservé le
baptême pour la dernière minute. L'homme a joué son âme et ça a bien marché. Il
était un gagnant et même la Mort a gagné la bataille. Plus rusé que le diable,
il a gardé l'as invincible de l'absolution baptismale pour le dernier moment.
Ici aussi, Luther mise gros. Il va bluffer pour s'en sortir. S'il réussit,
les grandes portes de la grande église papiste s'ouvriront en grand pour lui ;
s'il perd, son sort sera celui de l'Hérétique. Et il le sait. La bataille est
formidable. Mais il n'en a pas peur. Et il commence par s'absoudre de tous les
crimes possibles contre l'Unité du Royaume de Dieu que, à cause de ceux qui le
prennent au mot, il devra commettre.
Soumettant le crime de désobéissance aux peines canoniques, il se donne la
bénédiction de celui qui se veut bienveillant et se convainc que la Mort
l'absoudra de tout crime contre Jésus-Christ. Sous la pitié et la générosité de
celui qui défend les mourants et les défunts, sous la pitié pour les pauvres
petits qui meurent et au lit desquels ces mauvais serviteurs se sont approchés,
Luther a caché aux yeux du peuple et de ses dirigeants son propre coup de
maître.
Constantin le Grand s’en est tiré, alors pourquoi son bluff ne lui
donnerait-il pas la victoire qu'il recherchait avec ces Thèses ?
En ce qui concerne le droit canonique, il est évident que, le christianisme
étant l'évolution naturelle du judaïsme, de même que les peines de ceux qui
n'ont pas respecté les lois rituelles du sacerdoce aaronite et y sont
morts sont restées, de même ceux qui n'ont pas respecté les canons établis par
le sacerdoce chrétien restent en punition. À moins que Jésus-Christ n'ait menti
lorsqu'il a dit à ses disciples : « Souvenez-vous de la parole que je vous
ai dite : 'Un serviteur n'est pas plus grand que son maître'. S'ils m'ont
persécuté, ils vous persécuteront aussi; s'ils gardent ma parole, ils garderont
aussi la vôtre ».
Ce sera tout autre chose si les serviteurs utilisent ce pouvoir pour
imposer leur volonté et accabler la vie du croyant de lourds fardeaux
canoniques et de rites extravagants destinés exclusivement à rendre impossible
la joie de l'être qui se découvre enfant de Dieu et veut vivre la réalisation
de sa vocation, qui est la vie éternelle, ici et maintenant.
En parlant de cet arbitraire schizoïde et insensé, les serviteurs
eux-mêmes, si un tel dérèglement devait se produire, se disqualifieraient. Mais
si la mort est la fin de tout, et c'est là qu'intervient la thèse de Luther,
comment Dieu pourrait-il juger qui que ce soit ?
Si en mourant celui qui meurt est absous de tous ses crimes, en vertu de
quelle justice Dieu pourrait-il convoquer l'humanité devant son tribunal? La
proclamation contenue dans cette thèse est donc une absurdité suprême.
Une absurdité qui fonde sa logique irrationnelle sur la seule Foi comme
mécanisme d'annulation du Jugement final qui pèse sur les œuvres. Que la foi
absout l'homme de tous ses péchés est le lait dont s'est nourri le
christianisme ; que tout homme est jugé par ses œuvres, qu'il soit chrétien ou
non, est démontré par la lecture de l'Évangile. Le chapitre sur le Jugement
dernier ne trompe pas et ne ment pas : « J'avais faim et vous ne m'avez
rien donné à manger, j'avais soif et vous ne m'avez rien donné à boire, j'étais
un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, j'étais nu et vous ne m'avez pas
habillé, j'étais malade et en prison et vous ne m'avez pas visité ».
La foi sauve de la condamnation due aux péchés commis avant la renaissance
; mais entre la nouvelle vie et la vie à venir, il y a un Jugement, et c'est là
que les œuvres interviennent. A moins que Luther, invoquant le principe énoncé
plus haut, « S'ils gardent la mienne, ils garderont la tienne »,
n'utilise sa parole pour annuler celle de son Seigneur comme les Juifs ont
annulé la parole de Dieu par leurs préceptes, et les évêques ont annulé la
charité divine par les indulgences.
CHAPITRE 14.
Charité imparfaite et peur
-Une pureté ou une charité imparfaite entraîne nécessairement une grande
crainte pour le mourant, et plus la pureté ou la charité est faible, plus la
crainte est grande.
Il n'est pas nécessaire d'être philosophe ou théologien, ni même chrétien,
pour affirmer ce qui est affirmé dans cette thèse. La crainte d'un jugement
final n'est pas une réalité inconnue des peuples anciens. Ainsi, faire de la
sagesse innovante à partir de quelque chose d'aussi ancien que l'humanité ne
peut être compris que si l'athlète ignore la nature des Jeux Olympiques
auxquels il participe.
Ce qui est tragique n'est pas l'existence de cette peur, ce qui est
affligeant c'est que quelqu'un qui se dit chrétien ait peur de Dieu sachant que
par la Foi il n'est pas jugé et passe de cette vie à la vie éternelle sans
préambule canonique d'aucune sorte.
Or, si les canons conditionnent cet accès, ce sont certainement les canons
qui devraient être jetés au feu et brûler dans l'enfer de ce purgatoire que, en
cultivant le péché, ces colporteurs d'indulgence ont nourri.
De toute façon, comme il n'est pas très intelligent d'oublier que tout le
monde apprend des bâtons, personne ne peut croire que le Nouveau Temple
construit par Jésus-Christ est encore ce marché d'achat et de vente à l'origine
de ce Débat. Ce qui est triste, c'est que ce déni du Christ a dû être corrigé
au prix d'une division aussi haineuse.
Quant à la pureté et à la charité, la Bible est le meilleur livre
théologique sur le sujet. Quant à la crainte de la vie éternelle aux portes du
Jugement, c'est ce que la Foi nous a donné, de ne pas nous tenir avec un cœur
plein de crainte devant notre Juge et Roi, mais avec un être débordant d'amour
pour Sa Couronne et Sa Justice.
C’est ce que l’on devrait enseigner aux chrétiens, s'ils ont besoin
d'apprendre la sagesse : que l'Amour a vaincu la Peur, et que la Peur n'a
jamais été la crainte de Dieu. Mais Luther se moquerait de mes paroles aussi
bruyamment et aussi chaleureusement que ceux à qui ces Thèses étaient adressées
se moquaient des siennes. Car cette proposition a tout le visage de
l'hypocrisie du Diable qui défie Dieu de le condamner en prenant son absence
totale de peur de l'enfer comme principe de sa justice.
Si un visage joyeux et des yeux calmes sont la preuve de la sainteté du mourant
luthérien, comme la richesse et une bonne vie sont la preuve du salut
calviniste, pour contourner la justice divine et être traité comme un saint
post-mortem, il suffit de s'allonger dans son lit et de se retirer en bénissant
les personnes présentes. Souvenons-nous de Luther sur son lit de mort, disant :
« Ô mon Père céleste, Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
Dieu de toute consolation ! Je Te remercie de m'avoir révélé Ton Fils bien-aimé
Jésus-Christ, en qui je crois, que j'ai prêché et confessé, que j'ai aimé et
loué, que le misérable pape et tous les méchants déshonorent, persécutent et
blasphèment. Je vous en prie, mon Seigneur Jésus-Christ, que mon âme vous soit
confiée, ô Père céleste ! Je dois maintenant quitter ce corps et quitter cette
vie, mais je sais avec certitude que je resterai avec Toi éternellement et que
personne ne m'arrachera de Tes mains ».
Et c'est tout, vous êtes déjà au Paradis. Mais bien sûr, il y a un
problème. Et le problème est qu'il y a une Porte, et que cette Porte, comme par
un prodige extraordinaire, parle. Et en parlant, il a dit :
"Deux hommes montèrent au temple pour prier, l'un était pharisien,
l'autre publicain. Le pharisien se tenait debout et se priait ainsi : « Ô
Dieu ! Je Te remercie de ne pas être comme les autres hommes, rapaces,
injustes, adultères, ni comme ce collecteur d'impôts. Je jeûne deux fois par
semaine, je paie la dîme de tout ce que je possède. Le collecteur d'impôts se
tenait à distance, sans oser lever les yeux au ciel, et il se frappait la
poitrine en disant : "O Dieu, sois miséricordieux envers moi, qui suis un
pécheur". Je vous le dis, il est descendu chez lui justifié, et pas lui.
Car celui qui s'exalte sera humilié, et celui qui s'humilie sera exalté ».
Alors, si seuls les braves qui regardent Dieu en face peuvent avoir la
conscience tranquille, et si la peur du lâche est la peur de celui qui était
dans la vie mauvais comme un diable, et si les signes extérieurs sont ceux par
lesquels Dieu se fait voir dans ses élus, mourons ainsi, la tête haute et la
bouche pleine de celui qui peut dire à Dieu : Tu vois ? Je n'ai pas peur de
vous, et je n'ai pas peur de vous parce que j'ai été un homme juste toute ma
vie.
Mais ne savons-nous pas tous que plus un homme est mauvais, moins il a peur
d'un jugement auquel il ne croit pas ? Et ne savons-nous pas que dans la
croissance du mal grandit le mépris pour une justice divine qui n'existe nulle
part ? Qui Luther trompait-il avec cette thèse ?
Plus le sujet est mauvais, moins il craint la mort. Et inversement, plus il
est bon, moins il a à la craindre. Je crains, malheureusement, que Luther ne se
soit pas soucié de ces questions.
Avec des propositions de ce genre, il ne faisait que se ridiculiser,
tromper les ignorants, écarter les intelligents, viser haut, pointer la flèche
et appuyer sur la gâchette.
CHAPITRE 15
L'horreur du purgatoire
-Cette peur et cette horreur suffisent à elles seules (sans parler d'autres
choses) pour constituer la peine du purgatoire, tant elles sont proches de
l'horreur du désespoir.
Essayons toutefois d'entrer dans le jeu. La crainte d'un jugement dernier
post-mortem est venue avec la Civilisation. Dès les premiers jours de la
mémoire vivante, en remontant aux Sumériens des plus anciens Babyloniens et aux
Égyptiens des plus anciens Pharaons, l'idée du Jugement dernier était déjà une
réalité. En ce sens, le christianisme n'a rien inventé de nouveau. Le point où
le christianisme a révolutionné le contexte est celui concernant l'étalon de
mesure du Bien et du Mal.
L'idée du Jugement dernier est donc apparue avec la Civilisation. La
civilisation est venue avec l'intelligence. Et avec l'ère moderne est venue
l'idée que cette peur du Jugement dernier était une invention de la
Civilisation pour créer une force sociale capable de faire ce que la loi seule
ne pouvait pas faire. Selon les génies modernes, afin de maintenir en vie cette
crainte d'un Jugement dernier, les sociétés ont cherché à faire évoluer l'idée
de la Divinité en fonction de l'évolution des mentalités de l'époque. Ce n'est
pas plus éloigné de la vérité qu'un mensonge. Et c'est dans ce contexte
d'évolution de l'idée de la divinité que l'idéologie jésuite-chrétienne a
transformé l'ensemble de diverses manières, mais surtout dans une direction
révolutionnaire jusqu'alors inédite.
La peur, l'horreur, la terreur de la rencontre de l'homme avec ce Juge
universel a été transfigurée. Par la Foi, l'homme passe de cette vie à la vie
éternelle sans avoir à passer par ce Jugement qui causait tant de terreur et de
crainte chez les anciens. Ceci toujours étant entendu que la Foi reste vivante
de la manière qui ressort de la parabole suivante : "Un homme avait planté
un figuier dans sa vigne, il vint chercher du fruit et n'en trouva pas. Puis il
dit au vigneron : « Voilà trois ans que je viens chercher le fruit de ce
figuier et je ne l'ai pas trouvé ; coupe-le ; pourquoi occuperais-je le sol
pour rien ? Il lui répondit : «Seigneur, laisse-le pour cette année, qu'il soit
creusé et fertilisé pour voir s'il portera du fruit l'année prochaine ; sinon,
coupe-le ».
Sinon, si la foi seule sauve des péchés futurs commis après le baptême,
Jésus-Christ n'avait pas raison lorsqu'il a dit : « Et moi, je vous dis
que pour toute parole oiseuse que les hommes auront prononcée, ils en rendront
compte au jour du jugement. Car c'est par vos paroles que vous serez déclarés
justes ou par vos paroles que vous serez condamnés ».
Déclaration oiseuse de celui qui croit que parce qu'il croit qu'il y a un
Dieu, il est déjà sauvé; ignorant, premièrement, que les démons aussi croient
et tremblent ; et deuxièmement, la doctrine jésu-chrétienne
concernant la Parole : "Ceux qui sont tombés en bonne terre sont ceux qui,
entendant avec un cœur généreux et bon, retiennent la parole et portent du
fruit par la persévérance".
D'où l'on voit que la Foi seule sauve si elle produit d'elle-même les
œuvres de la foi, à savoir : "J'avais faim et vous m'avez donné à manger,
j'avais soif et vous m'avez donné à boire, j'étais nu et vous m'avez habillé,
j'étais malade et en prison et vous m'avez visité".
Alors pourquoi Jésus-Christ a-t-il fondé son Église ? -certains
demanderont. La réponse est évidente. Apporter ce message de salut à toutes les
nations de l'humanité.
En jouant avec ces éléments, on comprend que c'est dans ce contexte
révolutionnaire qu'est née l'idée du purgatoire. C'est une conséquence de la
nécessité de ne pas s'endormir et de ne pas tomber dans la tentation de croire
que si la foi suffit, nous n'avons pas à nous soucier de la perfection. Une
tentation contre laquelle l'apôtre Jacques a écrit des paroles de sagesse, en
disant : "Croyez-vous que Dieu est unique ? Vous faites bien. Veux-tu
savoir, homme vain, que la foi sans les œuvres est stérile ? Abraham, notre
père, n'a-t-il pas été justifié par les œuvres lorsqu'il a offert son fils Isaac
sur l'autel ? Voyez-vous comment la foi a coopéré avec ses œuvres, et par les
œuvres la foi a été rendue parfaite ? Et l'Écriture s'est accomplie, qui dit :
Mais Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice, et il fut appelé
l'ami de Dieu. Voyez donc comment un homme est justifié par les œuvres et non
par la foi seule.
CHAPITRE 16.
L'enfer, le purgatoire et le paradis
-L'enfer, le purgatoire et le paradis semblent différer les uns des autres
en tant que désespoir, quasi-désespoir et assurance du salut.
Comment donc Luther a-t-il pu passer du désespoir à l'assurance du salut si
entre l'enfer et le paradis il y a un gouffre infranchissable ? Qui lui a donné
un câble, qui a comblé ce gouffre pour lui ?
Le monde chrétien aux portes d'un effondrement apocalyptique et tout ce qui
est venu à l'esprit d'un titulaire d'une maîtrise de lettres et d'Écriture
sainte, c'est de se moquer du Paradis et de l'Enfer ? Le Diable dans sa 500e
année de liberté et tout ce qui est venu à l'esprit du héros allemand, c'est de
crier : Salut, salut ; Antéchrist, antéchrist ?
S'il est vrai que les évêques se sont endormis, comme ils l'ont fait, et
que le Schisme oriental les a pris entre deux feuilles de victoire, à quoi
pensait le peuple allemand lorsqu'il a vu que le fruit des Réformateurs était
la Haine et qu'il était privé de mettre deux et deux ensemble ? Il ne fallait
pas être très malin pour trouver les quatre et comprendre que si le fruit de
l'arbre de vie est l'Amour, et celui de l'arbre de la Connaissance du bien et
du mal est la Guerre : celui de la Mort est la Haine. La haine contre l'évêque
de Rome, la haine contre l'Espagnol, la haine contre les catholiques, la haine
contre les Peaux-Rouges, la haine contre soi-même, la haine contre tout et tout
le monde. Qui d'autre que le Diable pourrait fêter son 500e anniversaire à la
table de la Réforme ?
CHAPITRE 17
Les âmes du purgatoire
-Il semble nécessaire pour les âmes du purgatoire qu'à mesure que l'horreur
diminue, la charité augmente.
Mais qu'est-ce que la Charité, demanderont certains. Et je réponds ce que
dit le saint apôtre : La charité est longanimité, elle est bienveillante ; elle
n'est pas envieuse, elle ne se vante pas, elle ne s'enfle pas d'orgueil ; elle
n'est pas ingrate, elle ne cherche pas son intérêt, elle n'est pas irritable,
elle ne pense pas au mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice, elle se
complaît dans la vérité ; elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout.
Il s'abstient de toute chose... Et c'est ainsi que poursuit saint Paul dans sa
première lettre aux Corinthiens, ch. 13.
Combien l'Infini est loin du point zéro, cette Charité qui :
"s'interdit tout, comprend tout, excuse tout", de ces autres paroles
que Luther a généreusement déversées contre les Juifs. Écoutons sa parole de
sagesse infinie. Et ouvrant la bouche, Luther dit :
"Que sommes-nous, nous chrétiens, à faire avec les Juifs, ce peuple rejeté
et condamné ? En premier lieu, nous devons mettre le feu à leurs synagogues ou
à leurs écoles et enterrer et recouvrir de terre tout ce que nous ne mettrons
pas au feu, de sorte que personne ne verra plus jamais de pierre ou de cendres
d'eux. Cela doit être fait en l'honneur de Notre Seigneur et du christianisme,
afin que Dieu puisse voir que nous sommes chrétiens.
Deuxièmement, je conseille également que leurs maisons soient rasées et
détruites. Car ils y poursuivent les mêmes fins que dans leurs synagogues.
Troisièmement, je conseille de leur retirer leurs livres de prières et
leurs écrits talmudiques, par lesquels on enseigne l'idolâtrie, les mensonges,
les malédictions et les blasphèmes.....
Quatrièmement, je conseille qu'il soit dorénavant interdit aux rabbins
d'enseigner la douleur de la perte de la vie ou du limb.....
Cinquièmement, que la protection sur les autoroutes soit complètement
abolie pour les Juifs. Ils n'ont rien à faire dans les faubourgs des villes
puisqu'ils ne sont ni seigneurs, ni fonctionnaires, ni marchands, ni rien de ce
genre. Laissez-les rester à la maison...
Sixièmement, je conseille que l'usure leur soit interdite, et que tout
l'argent et toutes les richesses en argent et en or leur soient retirés, puis
que tout cela soit conservé en lieu sûr ....
Septièmement, je recommande de mettre un fléau ou une hache ou une houe ou
une bêche ou un fuseau ou une quenouille ou un fuseau dans les mains des jeunes
et forts Juifs et Juives, et de les laisser manger du pain à la sueur de leur
visage, comme cela a été imposé aux enfants d'Adam. Mais si les autorités
rechignent à utiliser la force et à réfréner l'indécence diabolique des Juifs,
ces derniers devraient être expulsés du pays.....
Ce sont, Dieu soit loué, des mots clairs et simples, qui déclarent que tout
ce qui est fait en honneur ou en déshonneur au Fils est certainement aussi fait
en honneur ou en déshonneur au Père".
Amen, amen, amen, amen. Luther est dieu et Hitler son prophète. Heil Luther, morituri te salutant.
Et à l'image et à la ressemblance du Créateur, Luther a également signé son
programme nazi en six propositions ; et à la septième, il s'est reposé.
(Ces propositions sont tirées du livre de Luther intitulé Les mensonges des
Juifs. Naturellement, cette œuvre mineure a été cachée sous la couverture de la
Réforme et le peuple allemand a détourné le regard.
Les épreuves que les Juifs ont traversées, la façon dont ils ont été
persécutés par la Réforme et dépouillés de leurs biens est l'un de ces
chapitres que les historiens de la Réforme ont effacé de leurs pages,
évidemment par amour de la vérité. Les témoignages sont restés, car il était
impossible que ces événements ne parviennent pas aux oreilles de l'histoire.
Que cette accusation soit gratuite ou vraie peut être déduit du pillage et
de la mise à sac que les nouveaux chrétiens ont commis contre les catholiques,
qu'ils ont forcés à abandonner leurs biens et leurs maisons ou à vivre comme
des esclaves. Il est entendu que s'ils l'ont fait avec les leurs contre les
juifs auxquels Luther a appliqué le premier programme nazi, le pillage et la
mise à sac ont été d'une telle ampleur qu'ils ont choqué les historiens et ont
suscité une conspiration visant à minimiser autant que possible le souvenir de
ces événements. De toute façon, ils sont tous morts maintenant. Laissez les
Allemands tirer leurs propres conclusions).
CHAPITRE 18.
La Raison et les Écritures
-Et il ne semble pas être prouvé, ni par la raison ni par l'Écriture, que
ces âmes soient exclues de l'état de mérite ou de la croissance dans la
charité.
Ne semble-t-il pas prouvé par la Raison que les âmes de ceux qui reposent
en paix ne peuvent faire ni bien ni mal, ni augmenter ni diminuer, ni être
incluses ni exclues ?
Maintenant qu'a été décrété l'événement cosmique que nous appelons le
Jugement dernier, duquel tant de personnes ont été privées du Salut qui nous
est accordé par la Foi, qui sommes-nous et qui sommes-nous pour spéculer sur le
sort de ces créatures pour lesquelles nous sommes leur seul Espoir ? Celui qui
accuse Dieu d'avoir prédestiné Adam à la Chute n'est pas celui du Christ, mais
celui du Diable, comme on le verra en temps voulu lorsque ce sera le tour du
chef d'une telle accusation contre Dieu. Seigneur, vous qui êtes l'incarnation
vivante de l'Amour, comment ceux qui étaient votre parfaite antithèse,
prêcheurs de la haine perpétuelle de soi et bien sûr des autres, ont-ils pu
tromper tant de peuples ! Henri VIII votre disciple ? Mauvaise était la
maladie, pire était le remède.
CHAPITRE 19.
La félicité des âmes
-Et il ne semble pas non plus prouvé que les âmes du purgatoire, du moins
dans leur intégralité, soient pleinement certaines de leur béatitude, même si
nous pouvons en être absolument certains.
Une chose dont nous pouvons être sûrs : il n'y a pas d'espoir pour le
diable et son œuvre. Et puisque l'unité de toutes les églises est l'œuvre des
Apôtres, la question qui se pose à l'église allemande est la suivante : à qui
appartient la division du christianisme qui a entraîné la Réforme ? Ou bien
Dieu peut-il jouer le rôle du Christ aujourd'hui et celui du Diable demain ?
Puisque c'est le Christ Jésus qui a fondé une église universelle à l'image
et à la ressemblance de l'universalité de son Royaume, qui a semé l'ivraie de la
division pendant que les évêques dormaient ?
L'amour ayant été la sève qui a nourri cette Unité, peut-on déduire de la
Haine qui a secoué la chrétienté à l'époque de la Réforme la nature du fruit
qui a condamné la moitié de l'Europe à cause de la faiblesse de quelques
évêques ? L'église allemande a-t-elle encore la certitude absolue que ses héros
sont au Paradis ? L'église allemande ose-t-elle confesser ouvertement que tous
les autres enfants de Dieu, qu'ils soient nés de l'église espagnole ou française
ou italienne ou de n'importe quelle autre église, sont irrévocablement
condamnés à l'enfer, que la confession protestante est la prédestinée, l'élue,
la vraie église ? Dieu a-t-il créé certains d'entre nous dès le début du monde
pour le paradis et d'autres pour l'enfer ? En d'autres termes, l'église
allemande ose-t-elle défendre l'argument du Diable, qui, pour plaider son
innocence, a reproché à Dieu d'avoir tendu le piège qui a conduit à la chute
d'Adam ?
Ce manichéisme des Réformateurs - les bons naissent bons et les mauvais
naissent mauvais, ou théorie des élus - comme le reste de leurs propositions
fondamentales, pour la plupart des hérésies combattues au cours des cinq
premiers siècles par les plus éminents savants chrétiens, nie l'un des
principes sacrés de la Création de Dieu, et s'oppose directement aux
affirmations bibliques sur la solidité desquelles repose tout le Livre, à
savoir la Création et la Formation de l'Homme à l'image et à la ressemblance de
Dieu.
Si, comme l'a dit la Réforme par la bouche de Luther et de Calvin, l'Homme
n'a pas la liberté de faire le Bien ou le Mal, alors la Bible est le plus grand
mensonge jamais écrit, car elle commence par dire que Dieu nous a créés à son
image et à sa ressemblance, de sorte que soit Dieu est l'esclave de quelqu'un
de supérieur, soit l'Homme est libre en tant que son Créateur et a le pouvoir
de décider de son avenir par les œuvres de ses mains et les paroles de ses
lèvres.
« La raison, qui est aveugle », écrit Luther dans De
servo arbitrio, « qu'est-ce qui
est juste ? La volonté, qui est mauvaise et inutile, que va-t-elle choisir qui
soit bon ? D'ailleurs, que suivra une volonté à laquelle la raison ne dicte que
les ténèbres de son aveuglement et de son ignorance ? Par conséquent, la raison
étant erronée et la volonté corrompue, quel bien l'homme peut-il faire ou
essayer de faire ? »
Cette négation de la vérité biblique : « Lorsque Dieu créa l'homme, il
le fit à son image » pourrait être acceptée comme passable lorsqu'on parle
de l'homme avant la Rédemption. Après la Rédemption, les paroles suivantes de
Luther sont un reniement total du Christ : "Et si ce mot (liberté) - ce
qui serait la chose la plus sûre et la plus religieuse à faire - enseignons au
moins à l'utiliser de bonne foi, de sorte que l'homme ne se voit accorder le
libre arbitre que par rapport à la chose qui lui est inférieure, et non par
rapport à la chose qui lui est supérieure, c'est-à-dire..." : qu'il sache
que dans ses facultés et ses biens, il a le droit d'user, de faire, d'omettre selon
son caprice, bien que celui-ci soit lui-même régi par le libre arbitre de Dieu,
à sa guise. Pour le reste, à l'égard de Dieu, ou dans les choses relatives au
salut ou à la damnation, il n'a pas de libre arbitre, mais il est captif,
soumis et esclave soit de la volonté de Dieu, soit de la volonté de
Satan".
Nier la liberté de l'homme, c'est nier Dieu ; nier la liberté du chrétien,
c'est nier le Christ, à l'image et à la ressemblance duquel nous avons été
créés.
Luther et ses associés ont résolu ce conflit en désavouant la doctrine du
salut selon les apôtres, préférant à la sagesse du Christ la doctrine de Manès,
fondateur du manichéisme, apôtre des Perses, qui divisait l'univers en deux
forces, le bien et le mal, le bon et le mauvais. Les bons, eux, au Paradis ;
les mauvais, nous, en Enfer.
Il est donc obligatoire de dire quelques mots qui nous mèneront aux racines
d'un tel phénomène de reniement du Christ.
Essayons de résoudre par nous-mêmes le conflit de l'Homme et de la Liberté.
Et disons que ce qui identifie l'homme et fait de lui un genre distinct dans
l'arbre des espèces, c'est sa liberté.
Comme le montre précisément l'état monastique de l'auteur de ces Thèses, il
n'existe nulle part dans le règne animal une réponse sacerdotale de l'individu
à l'instinct de reproduction de l'espèce. Et le fait est qu'en matière de
liberté, tous les animaux se comportent comme des machines soumises à un code
d'exploitation télécommandé, qui sont les instincts.
L'exercice de cette liberté de faire le bien et le mal se heurte au
manichéisme de la Réforme. Car en divisant les hommes en bons et mauvais par
naissance - "par volonté divine", une accusation contre la Bonté créatrice
qui explique l'origine de la pensée des réformateurs - la Réforme a été
assimilée à une réaction animale face à un danger ou une situation spécifique.
Car, comme nous l'avons vu et comme on le sait, la liberté est une chose
humaine et ne peut être niée que par la nature animale.
Aussi difficile qu'il soit pour moi d'étayer mon affirmation par des faits,
il n'est pas surprenant que la nation qui a renié la nature humaine et s'est
comparée à des animaux, ait dégénéré au fil du temps et soit tombée dans le
piège de la bête nazie. Cependant, la réponse à la façon dont un homme voit son
monde et sa relation avec celui-ci, en l'occurrence Martin Luther, ne peut être
trouvée dans la réaction de nos sentiments aux conséquences de ses actes. Nous
devons entrer dans la genèse de son peuple, dans le champ duquel l'arbre du
comportement individuel prend racine.
J'espère que le lecteur ne trouvera pas ridicule l'idée de chercher la
genèse d'un traumatisme dans l'enfance du sujet concerné. À la naissance, nous
naissons tous avec un comportement hérité, dont la partie la plus proche est
liée à celle de l'habitat naturel dans lequel la famille a vécu au cours des
siècles et millénaires passés. La conscience nationale d'un peuple dont
l'histoire remonte à des siècles sera toujours plus forte que celle d'un peuple
formé il y a peu de temps. À cet égard, le souvenir des origines de l'Allemagne
ne déçoit personne.
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